"Son arôme est plus pointu": Mayotte mise sur la vanille pour développer son agriculture
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Méconnue, la vanille de Mayotte est pourtant l'une des perles de l'archipel français. De la gousse à la poudre en passant par le sirop, l'huile pour le corps et le sel aromatisé, la vanille mahoraise s'invite sous toutes les formes possibles au Salon de l'agriculture, qui a récemment ouvert ses portes à Paris.
"À peu près cinq tonnes de vanille verte" sont récoltées chaque année à Mayotte, correspondant à "moins d'une tonne" de vanille noire, explique Ibrahim Fonte, responsable du service Végétal à la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM).
Emblématique des savoir-faire mahorais, la production locale toutefois est loin d'égaler celle de l'île de la Réunion voisine et ses quatre tonnes annuelles de vanille noire. À quelque 300 kilomètres de Mayotte, il faut surtout compter sur Madagascar, géant incontesté de la vanille qui règne sur le marché mondial avec plusieurs milliers de tonnes annuelles.
Pour la vanille mahoraise, impossible de jouer dans la même catégorie que le mastodonte malgache – mais l'archipel n'en a pas l'ambition, avec une stratégie décalée.
"On a ciblé la qualité" de la vanille plutôt que la quantité, souligne Ibrahim Fonte.
La vanille de Mayotte est aujourd'hui essentiellement distribuée sur les marchés locaux. Cette stratégie qualitative, associée à la vente au détail, apporte "une valeur ajoutée plus importante" pour la vanille mahoraise, plutôt que d'essayer de "démarcher les marchés internationaux" où elle n'aurait aucune chance face aux faibles coûts de production malgaches, explique Ibrahim Fonte.
"Tant qu'on n'est pas sur la quantité, les producteurs ont le temps de bien valoriser la production, de prendre le temps de la transformer", résume le représentant de la chambre d'agriculture mahoraise.
Après un âge d'or dans les années 1970, la filière locale s'était effondrée dans les années 2000. Elle se relève depuis quelques années grâce à l'association Saveurs et senteurs de Mayotte, qui regroupe aujourd'hui plusieurs dizaines de producteurs.
Symbole d'un retour en grâce, la vanille mahoraise a décroché plusieurs médailles d'argent lors des dernières éditions du Concours général agricole (CGA). Pour produire sa vanille médaillée, Mohamadi Ahamada préfère la chaleur du soleil. "Son arôme est plus pointu", encense le producteur et transformateur de Tsingoni, à l'ouest Grande-Terre.
"Nous espérons que cette année soit celle de notre médaille d'or", veut croire Mohamadi Ahamada.
Mais le passage du cyclone Chido a rudement frappé les plantations locales, alors que les gousses étaient quasiment arrivées à maturité. "La vanille a été rasée", déplore Ibrahim Fonte, évoquant une production "zéro" pour la campagne actuelle. Avant de voir pousser de nouvelles gousses, Mayotte devra attendre environ trois ans, le temps nécessaire à l'apparition de fleurs sur les lianes.
BFM TV